BLOB

  

S U L M O N T Elisabeth

V I R I C E L Léa

H A N D A Y A Cecília    

B E C E R R I L Cosette  


 

E S P A C E  nommé, disséqué, recomposé, 

fertilisé, varié, indicible, unicellulaire, humide 

 

 

 

R E S U M E: 

 

Pourquoi et comment? Ou plutôt comment. Car tout s'explique. D'une manière ou d'une autre. Même l'inexplicable. La manière dont les choses vont évoluer est plus complexe à aborder. La relation entre urbanité et ruralité? Exode rural ou exode urbain? L'homme n'aurait-il pas besoin de se retrouver face à ses propres limites pour prendre conscience de sa vulnérabilité? Pourtant sommes-nous là pour émettre un jugement ou seulement générer des formes et des espaces découlant de ces problématiques? La décomposition, la segmentation de l'espace rural ne sont-ils pas des phénomènes futurs capable de produire une nouvelle typologie de paysage urbain? N'est-ce pas déjà le cas? Urbanité ou interstices? Ou bien les deux? L'envers ou le dedans? Et nous? Ou sommes-nous?”

 

 

I. Situation Initiale

 


La ruralité se redessine doucement à l’aube de 2020. 

L’exode urbain est à l’œuvre, c’est le retour des villes vers les campagnes. Les gens ne veulent plus de cette vie de pollution, qu’elle soit sonore ou visuelle. 

Alors, c’est de nouveau l’exode, urbain cette fois-ci. Certains désertent les campagnes au profit de la ville, d’autres au contraire, la quittent sans regret. Dans leur bagages, se trouve l’intention de vivre mieux, de vivre sainement, et de s’assurer un lopin de terre, “pour plus tard”. Si devenir propriétaire en ville demeure aujourd’hui un privilège, l’acquisition d’un bien immobilier en campagne correspond à une forme d’ascension sociale. C’est la France des pavillons et des lotissements, de la bagnole ou du barbecue. C’est cette France des gilets jaune, que Michel Houellebecq décrit dans Sérotonine. Le paysage rural se redessine donc dans la périphérie de grandes villes. Un nombre croissant de lotissements d’habitats pavillonnaires se construisent, pour répondre à une demande sans cesse croissante de logements. 

    Mais ce repeuplement (ou rurbanisation) a pour conséquence d’émietter la campagne, et ce à divers titres. D’une part, il se fait en marge d’une tissu social et traditionnel existant. Les lotissements sont construits aux abords des petites communes, ou en campagne, mais ne cherchent aucunement à s’intégrer à une tradition constructive existante. Ils privilégient le site, le rapport à la nature et à l’environnement au détriment du qualitatif bâti: ils s’intègrent comme un cheveu sur la soupe.

D’autre part, ces lotissements agissent de façon néfaste du point de vue du paysage. A l’origine, le privilège qu’offrent de tels lotissements, c’est le privilège de la vue et du paysage, “naturel”. Mais celui-ci disparaît, en se trouvant parsemé de pavillons/ champignons, poussant de-ci de-là. Les bâtiments construits ne relèvent d’aucune qualité architecturale, ils ‘agit sommairement de “boîtes”, dans un ordre et schème dont la logique et l’orientation nous dépasse. 

Cet effet est d’autant plus marqué lorsque ces lotissements sont récents: le seul élément déterminant et logique visible se situe dans l’espacement plus ou moins important des logements entre eux. Cet effet disparaît par la suite avec la culture de murs végétaux. On fait pousser des haies pour augmenter le rapport à la nature, mais aussi et surtout pour se cacher de ses voisins. A la différence de nos voisins anglais, ou de pavillons des cités-jardins, ces haies ne sont pas non plus limitées à 1m: elles doivent bien sûr faire 2m; pour cacher et se cacher de la vue d’autrui. 

    Nous ne serons, en mesure de porter un regard ou un jugement sur ce phénomène d’exode urbain. Il est à l’oeuvre, par et pour une classe moyenne cherchant à améliorer son cadre de vie. En ce sens, en tant qu architectes, nous ne sommes en rien légitimes d’apporter un jugement sur ce processus à l’oeuvre, tout comme nous ne serons en mesure de l’enrayer. 

En revanche, nous pouvons porter un regard empathique en accompagnant ce phénomène. L’accompagner, pour mieux l’intégrer et préserver le paysage pittoresque existant. C’est ce que nous voudrions offrir à travers ce projet, en soignant le mal (le lotissement) par le mal (le pavillon).

Notre mode d’action est celui du rhizome et du blob. Il s’agit d’un fonctionnement par hybridations successives.  

Le rhizome nous intéresse, dans le sens également de la théorie développée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, dans l’ouvrage Milles Plateaux. Le terme est emprunté à la botanique, et s’oppose à la vision traditionnelle verticale de l’arbre de porphyre. le Rhizome n’a pas de centre, il est linéaire. Il possède une mobilité essentielle et une souplesse qui rendent possible sa transformation permanente. Gilles Deleuze et Félix Guattari posent différents principes:Lien

-Principe de connexion et d’hétérogénéité

-Principe de rupture assignifiante (absence d’ordre ou de hiérarchie) 

-Principe de cartographie et de décalcomanie.

“Si le réseau peut être une coiffe, un tissu, c’est donc qu’il ne désigne pas simplement une manière pour différents éléments d’être liés ensemble, mais aussi un résultat, celui des fils qui s’entrelacent pour tisser l’étoffe du réel.”

Le Rhizome nous intéresse de par son application analogue au projet. La campagne est linéaire, et horizontale. Les plateaux, ce sont toutes ces multitudes de réalités présentes, en campagne.

Le blob nous intéresse, parce qu’il est proprement fini et esthétique. Il nous intéresse parce qu'il relève ne soit d’un mécanisme fascinant de mouvement unicellulaire, et d’adaptation à son environnement de par ses déplacements. C’est un organisme sans yeux, ni bouche, ni estomac, qui pourtant voit, digère, s’accouple et sent. C’est en quelque-sorte la Chimère des temps modernes, cette même chimère dont Baudelaire parlait dans son recueil Spleen de Paris. De même, Unicellulaire, il est jaune, il bouge très lentement, il digère doucement des champignons dans une pièce obscure et très humide. Il a à la fois les caractéristiques d’une plante, puisqu’il produit des pigments, d’un animal puisqu’il se déplace, et d’un champignon puisqu’il produit des spores.

L’hybridation de ces deux formes, nous permet: de construire quelque-chose qui n’existerait pas encore. Le blob est mouvant et en ce sens, il possède la caractéristique propre à l’animal de créer ce network. Lien

Nous avons choisi de greffer notre blob (le projet) dans la commune de Pont d’Ain 01160. Ce lui nous intéresse en ce qu’il est multiple. Le long de la voie ferrée et de l’autoroute, il n’est qu’à une heure de Lyon. Il ,s’est développé historiquement le long de l’Ain. Le village ancien, existant depuis le XVIIIè siècle au moins, s’est donc développé suivant un schéma linéaire, le long de la rivière. Il possède un petit patrimoine, dont sa maison forte, son Château etc… 

Le village se situe dans une zone protégée, et se trouve également entourée de parcelles agricoles. Beaucoup de logements y ont été construits depuis les années soixante, dans un format pavillonnaire en l'occurrence, et de nouveaux logements de cet ordre y ont été construits récemment, d'où le fait que notre choix se soit porté sur ce village. Ces pavillons, répondent à une demande, tandis que ce village ne cesse de voir sa population croître, d’années en années. 1793 = 1069 hab. -> 1972 = 1824 hab. -> 2016 = 2914 hab. C’est donc la variété, et la complexité des enjeux présents sur ce site qui nous ont poussé à le choisir pour notre projet. 

 Le projet, c’est considérer que nous faisons naître, de façon greffée au territoire, inspirée de la théorie du Rhizome et de l’esthétique du Blob, des habitations pavillonnaires. Mais plutôt que de venir “poser” ces habitations, tels des cubes, stériles et non connectés avec leur environnement, ils “pousseront” véritablement du sol, à nouveau humide et fertilisé. 


 

M A N I F E S T O

  • Nous nous limiterons à une intervention dans la commune de Pont d’Ain, en considération avec ses territoires voisins. 
  • Nous voulons accompagner le phénomène de rurbanisation
  • Nous voulons aborder ce projet d’un point de vue paysager plutôt que social. 
  • Nous voulons faire sortir de terre un nouveau projet. 
  • Nous voulons construire des lotissements d’habitat pavillonnaire
  • Nous souhaitons respecter l’intimité et la volonté de ses habitants = ne pas chercher à résoudre l’isolement spatial / éventuellement social que de tels procédés impliquent. 
  • Nous ne réduirons pas la campagne à son aspect agricole. 
  • Nous ne reviendrons pas sur les principes ci-dessus.
  • ...

     

    II. Péripéties

 

 

 

7h30. Je regarde par la fenêtre. 

Le sol du jardin est recouvert d’un manteau de feuilles. 

De mon lit je vois la fenêtre du voisin allumée. Je devine par la disposition identique de nos maisons respectives qu’il se trouve déjà dans sa cuisine, sûrement attablé, une tasse de café fumante à la main. 

Je me lève. 

Je rêve de me réveiller un matin et être assaillie par de nouveaux bruits, de nouvelles odeurs. De nouveaux paysages riches en couleurs et en émotions. 

La journée n’a pas commencé que déjà la grisaille matinale s’empare de moi. 

Je regarde ma montre. 

8h05. Je suis en retard. 

Le lycée est à une heure de trajet en bus. 

Il y a un passage le soir et un passage le matin. Il ne faut pas le manquer. 

J’enfile mon sac. 

J’ouvre la porte. 

Je fourre le bas de mon visage dans mon écharpe et tente en vain de trouver un peu de chaleur et de vie face à ce paysage morne et encore endormi.

 

 

 

III. Dénouement

 

 


La ruralité se redessine doucement à l’aube de 2020. 

L’exode urbain est à l’œuvre, c’est le retour des villes vers les campagnes. Les gens ne veulent plus de cette vie de pollution, qu’elle soit sonore ou visuelle. Alors, c’est de nouveau l’exode, urbain cette fois-ci. Certains désertent les campagnes au profit de la ville, d’autres au contraire, la quittent sans regret. Dans leurs bagages, se trouve l’intention de vivre mieux, de vivre sainement, et de s’assurer un lopin de terre, “pour plus tard”. Si devenir propriétaire en ville demeure aujourd’hui un privilège, l’acquisition d’un bien immobilier en campagne correspond à une forme d’ascension sociale. C’est la France des pavillons et des lotissements, de la bagnole ou du barbecue. C’est cette France des gilets jaune, que Michel Houellebecq décrit dans Sérotonine. Le paysage rural se redessine donc dans la périphérie de grandes villes. Un nombre croissant de lotissements d’habitats pavillonnaires se construisent, pour répondre à une demande sans cesse croissante de logements.

Mais ce repeuplement (ou rurbanisation) a pour conséquence d’émietter la campagne, et ce à divers titres. D’une part, il se fait en marge d’une tissu social et traditionnel existant. Les lotissements sont construits aux abords des petites communes, ou en campagne, mais ne cherchent aucunement à s’intégrer à une tradition constructive existante. Ils privilégient le site, le rapport à la nature et à l’environnement au détriment du qualitatif bâti: ils s’intègrent comme un cheveu sur la soupe. D’autre part, ces lotissements agissent de façon néfaste du point de vue du paysage. A l’origine, le privilège qu’offrent de tels lotissements, c’est le privilège de la vue et du paysage, “naturel”. Mais celui-ci disparait, en se trouvant parsemé de pavillons/ champignons, poussant de-ci de-là. Les bâtiments construits ne relèvent d’aucune qualité architecturale, ils s’agit sommairement de “boites”, dans un ordre et schème dont la logique et l’orientation nous dépasse. Cet effet est d’autant plus marqué lorsque ces lotissements sont récents: le seul élément déterminant et logique visible se situe dans l’espacement plus ou moins important des logements entre eux. Cet effet disparait par la suite avec la culture de murs végétaux. On fait pousser des haies pour augmenter le rapport à la nature, mais aussi et surtout pour se cacher de ses voisins. A la différence de nos voisins anglais, ou de pavillons des cités-jardins, ces haies ne sont pas non plus limitées à 1m: elles doivent bien sûr faire 2m; pour cacher et se cacher de la vue d’autrui.

Nous ne serons, en mesure de porter un regard ou un jugement sur ce phénomène d’exode urbain. Il est à l’oeuvre, par et pour une classe moyenne cherchant à améliorer son cadre de vie. En ce sens, en tant qu’architectes, nous ne sommes en rien légitimes d’apporter un jugement sur ce processus à l’oeuvre, tout comme nous ne serons en mesure de l’enrayer. En revanche, nous pouvons porter un regard emphatique en accompagnant ce phénomène. L’accompagner, pour mieux l’intégrer et préserver le paysage pittoresque existant. C’est ce que nous voudrions offrir à travers ce projet, en soignant le mal (le lotissement) par le mal (le pavillon).








 

Notre mode d’action est celui du rhizome et du blob. Il s’agit d’un fonctionnement par hybridations sucessives.

Le rhizome nous intéresse, dans le sens également de la théorie développée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, dans l’ouvrage Milles Plateaux;
Le blob nous intéresse, parce qu’il est proprement fini et esthétique. Il nous intéresse pvrcequ’il relève ne soi d’un mécanisme fascinant de déplacement, et d’adaptation à son environnement de par ses déplacements.

C’est un organisme unicellulaire sans yeux, ni bouche, ni estomac, qui pourtant voit, digère, s’accouple et sent. De même, Unicellulaire, il est jaune, il bouge très lentement, il digère doucement des champignons dans une pièce obscure et très humide. Il a à la fois les caractéristiques d’une plante, puisqu’il produit des pigments, d’un animal puisqu’il se déplace, et d’un champignon puisqu’il produit des spores. L’hybridation de ces deux formes, nous permet: de construire quelque-chose qui n’existerait pas encore. Le blob est mouvant et en ce sens, il possède la caractéristique propre à l’animal de créer ce network.

Nous avons choisi de greffer notre blog (le projet) dans la commune de Pont d’Ain 01160. Ce lui nous intéresse en ce qu’il est multiple. Le long de la voie ferrée et de l’autoroute, il n’est qu’à une heure de Lyon. Il s’est développé historiquement le long de l’Ain. Le village ancien, existant depuis le XVIIIè siècle au moins, s’est donc développé suivant un schéma linéaire, le long de la rivière. Il possède un petit patrimoine, dont sa maison forte, son Château etc... Le village se situe dans une zone protégée, et se trouve également entourée de parcelles agricoles. Beaucoup de logements y ont été construits depuis les années soixante, dans un format pavillonnaire en l’occurence, et de nouveaux logements de cet ordre y ont été construits récemment, d’ou le fait que notre choix se soit porté sur ce village. Ces pavillons, répondent à une demande, tandis que ce village ne cesse de voir sa population croître, d’années en années. C’est donc la variété, et la complexité des enjeux présents sur ce site qui nous ont poussé à le choisir pour notre projet.

 

 

 PILULES - SEROTONINE

 































Bio TEXT-URES












 

ECOSYSTEME

 

SCENARIO

C’est l’histoire du petit champignon que tout le monde a oublié au fond du jardin, de ce petit espace ou chacun a omis de saupoudrer de l’herbicide, parce-que c’est pas chez toi mais en fait c’est pas chez moi non plus. Alors, le petit champignon reprend ses droits, et pas à pas, se nourrit de tous les parpaings, de toutes les clôtures, mange les cailloux et se cristallise ainsi en recouvrant le territoire de Pont d’Ain. Il devient ainsi l’hôte de graines, de végétaux, d’animaux. Les habitants, d’abord surpris, l'acceptent avec bienveillance, en lui donnant à boire (de l’eau) et à manger (des graines), l’investissant ainsi à leur guise. 

 

 


 

La politique n’est pas esthétique parce-qu’elle use de tel art ou de tel médium artistique pour se faire accepter.La politique n’est pas devenue esthétique par la perversité des dictatures modernes. Elle a toujours été esthétique au sens premier du terme: elle a pour coeur le partage du sensible dans lequel une communauté instaure son ordre et ses exclusions. C’est sur ce fond que l’âge romantique a pu identifier les absolus nouveaux de l’art au principe d’une vie nouvelle. Et l’écriture des savoirs sociaux use toujours pour rendre ses objets visibles d’une poétique qui implique une décision sur cette esthétique.

Jacques Rancière, Esthétique de la politique et poétique du savoir

 

La politique est un langage. Alors, partager un langage et une sensibilité, c’est faire de la politique. Quoi de plus politique, alors, d’être terré au fin fond de chez soi, au plus loin de la Polis? Ce qui compte pour la sphère publique, selon Hannah Arendt, ce n’est pas l’énergie ni le rythme de ses activités mais les barrières qui entourent maisons et jardins. Parce-que c’est au fond du jardin que se joue le coeur et la vie de la polis. C’est en effleurant du bout des doigts ce petit champignon, qui a grandit et pris toute la place, que les langues se délient, que les histoires se confient « je te dis là quelque chose de confidentiel, tu le gardes pour toi, n’est-ce pas ? » Les enfants y jouent, les amants s’y cachent, les vieilles dames y cultivent leurs bouquets. Certains y accrochent leur linge, tandis que d’autres y font pousser leurs herbes aromatiques.

 












 

 FILM - SCREENSHOTS





































EPINGLES - PAILLASSE